Jeudi 22 avril

Un jour attendu depuis longtemps, une destination qui nous fait envie depuis 5 ans. Nous allons à Lissos. D'abord , un peu de voiture par Azogirès. Les pluie de l'hiver ont quelque peu raviné la route encore à l'état de piste sur quelques kilomètres. Il y a quelques années, nous nous serions inquiétés mais là, aucune crainte. La suite nous donne raison. Nous serpentons sous les oliviers, identifions quelques fleurs en bordure, lupin, renoncules asiatiques, cistes, admirons quelques traquets motteux et voilà Sougia.(carte)

Le village a peu changé en cinq ans, quelques locations supplémentaires, pas l'explosion. Nous pique-niquons sur la plage près du terrible Alabama, boîte de nuit dont la musique hurle jusqu'à l'aube d'après le routard. Le port n'a pas changé lui non plus, quelques minuscules bateaux de pêche bien protégés par une vilaine digue pur béton. Il faut être bien aventureux pour se lancer là-dessus (opinion de marin d'eau douce). Le sentier commence là, derrière les bateaux. C'est tout de suite escarpé et il faut escalader quelques rochers, mais c'est très facile. Là aussi, nous aurions fait demi-tour naguère mais en fait, le sentier est très bien balisé par des marques rouges un peu fanées et surtout par des tas de pierre sur tout le trajet. Après une demi heure environ dans la gorge encaissée, le sentier monte sur la gauche. On ne peut pas le rater. C'est pourtant ce que nous avons fait.en continuant dans la gorge mais l'absence de tas de cailloux nous a permis de comprendre très vite que nous faisions fausse route. Au sommet de la gorge, nous retrouvons les marques jaunes et noires du E4. Le sentier court sur le plateau sur une terre rouge entre de courts arbustes. Nous croisons deux marcheuses qui étaient à l'hôtel Poséidon. Elle viennent donc de Paléochora avec leurs gros sacs à dos et sont passées à Lissos. . "Vous verrez, disent-elles, c'est magnifique". Elles sont encore sous le charme. Nous bavardons encore un peu avec cette complicité de gens qui partagent les mêmes émotions puis chacun reprend sa route.

Encore un peu de sentier et tout d'un coup, la gorge est là. Le plateau s'arrête net et, au fond , cent mètres plus bas peut-être, Lissos ! Au bord du sentier, des rochers rouges. Avant nous, ils ont dû accueillir de nombreux marcheurs qui s'y sont assis, saisis par la beauté du paysage. Un endroit verdoyant au milieu d'un monde hostile, une petite plage, une chapelle, un champ cultivé, quelque ruines. On dirait une vallée perdue, un monde oublié d'un film d'aventures. Nous descendons vers la plage, croisons un couple d'anglais. la dame a sali son beau pantalon clair au bord de l'eau. Du pétrole. Le monde moderne ne se laisse pas facilement oublier.

En bas quelques rares promeneurs. Comme eux, nous nous laissons bercer par la quiétude du lieu. Des terrasses, vestiges d'anciennes cultures, des oliviers dont les troncs indiquent le grand âge et une minuscule chapelle au bord de l'eau. Dans ses murs, des pierres sculptées de la période romaine. On pense à St Just Valcabrère dans les Pyrénées.

En repartant, nous jetons un regard sur quelques mosaïques romaines. Le site est ouvert et la maison du gardien inoccupée. Sans doute ne vient-il que l'été.

Le retour s'effectue par le même chemin. Une heure après environ, nous revoilà au port de Lissos.

Nous prenons un verre à Sougia ,au bord de la plage, dans une de ces tavernes à chaise de bois et petites tables carrées, qui, à elles seules valent le voyage comme le dit le Michelin. Le nombre de camions chargés de tables et chaise en plastique que nous avons vu monter dans le bateau au Pirée nous fait craindre pour l'avenir de la petite table en bois.

Retour à Paléochora par la même route puis repas au Pelecan; pas mal mais sans talent, des tomates farcies correctes mais qui seront balayées demain par celles, géniales, de Maria.